Peter Lauener accompagne le conseiller fédéral Alain Berset partout. Peter Lauener accompagne le conseiller fédéral Alain Berset partout. © Béatrice Devènes.

« Jouer dans la Champion’s League, ça ne se refuse pas ! »

Peter Lauener, n’a pas hésité une seule seconde lorsqu’Alain Berset lui demandé de le rejoindre à Berne. Depuis 2012, il est devenu l’ombre discrète mais efficace du conseiller fédéral.

Margaux Reguin

Il n’est pas encore six heures du matin que déjà Peter Lauener écoute attentivement la radio. Une heure plus tard, il sera à son bureau en train de consulter tous les journaux suisses. Blick, NZZ, Tages-Anzeiger, Aargauer Zeitung, Basler Zeitung, 24heures, Le Temps, La Liberté, Il Corriere del Ticino: qu’ils soient alémaniques, romands ou tessinois, Peter Lauener lit tout ce qui se dit sur son patron. C’est qu’en acceptant de devenir le porte-parole d’Alain Berset, Peter Lauener lui a également promis loyauté et dévouement total. Et pour que le duo fonctionne au mieux, il est nécessaire qu’ils communiquent constamment. Chaque matin pendant une heure, Alain Berset discute avec ses cinq conseillers: « je veux que tout soit transparent. Mon équipe doit connaître ma position politique sur tous les sujets. Comme ça ils peuvent me représenter à tout moment ».

« J’ai une pleine confiance en Peter Lauener »

Titulaire d’un doctorat en littérature allemande, Peter Lauener est devenu journaliste pour l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) après ses études. Il est ensuite rapidement passé de l’autre côté de la barrière pour devenir communiquant. Un rôle qui lui plait : « lire, écrire, téléphoner : c’est la communication que j’aime faire ! » affirme t-il lors de notre rencontre au Palais Fédéral. D’abord chef de l’information du syndicat du personnel des transports (SEV), il rejoindra en 2006 le Parti socialiste comme responsable des « campagnes et communication ». C’est là qu’il rencontre Alain Berset, alors conseiller aux Etats. Partageant les valeurs socialistes, les deux hommes ont tissés des liens pendant des années et lorsqu’Alain Berset a été élu au Conseil Fédéral le 14 décembre 2011, il a immédiatement appelé Peter Lauener pour lui proposer de le rejoindre : « c’était once in a life time occasion ! » se souvient le porte-parole. « Didier Burkhalter a emmené toute son équipe avec lui lorsqu’il a repris le Département fédéral des affaires étrangères. Je voulais avoir des gens à qui je fais une pleine confiance. Peter Lauener en fait partie. » confie Alain Berset. Depuis, les deux hommes ne se quittent plus.

« Je suis le bad cop »

« Alain Berset est très actif. Il a déjà prononcé plus de 70 discours en une année alors que d’autres conseillers n’en formulent qu’une dizaine sur cette même durée. C’est moi qui l’aide à les écrire ». Dans l’ombre du politicien, Peter Lauener planifie également les rencontres du chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI). Et quand son responsable décide de rester vingt-cinq minutes de plus avec un groupe de jeunes journalistes, c’est à lui de ré-arranger l’agenda de ministre du conseiller : « parmi nous deux, c’est moi le bad cop mais au final c’est lui qui décide » admet-il facilement. A la question de savoir comment l’organisation d’Alain Berset l’affecte dans sa vie privée, Peter Lauener répond que tout est très bien planifié et donc prévisible. Il ne fixe pas de rendez-vous personnel avant 20h et assure que ses week-end sont généralement tranquilles : « il ne m’harcèle pas à moins que ça soit urgent » rapporte Peter Lauener. Mais que fera le porte-parole une fois que le chef du département prendra sa retraite ? « Alors là, aucune idée. Je verrai bien quand ça arrivera. Je sais que j’aime la communication mais je ne me verrais pas devenir porte-parole pour n’importe qui. Il faut que je partage les idéologies de la personne que je représente » confie l’homme de l’ombre. Une chose est sûre, Peter Lauener ne se voit pas devenir politicien un jour : « vous savez je suis plutôt le grand maigrichon à lunette au fond du terrain de foot qui encourage les autres que celui qui marque des buts ».

Ce portrait a été réalisé dans le cadre du cours « Journalisme Suisse » donné par Werner de Schepper. Merci à Mr. Lauener d’avoir répondu à mes questions. La photo a été réalisée par Béatrice Devènes.