Des militantes saoudiennes appellent, ce samedi 26 octobre, toutes les femmes du pays à braver l’interdiction de conduire.
Selon le cheikh Saleh al-Lehaydan, consultant judiciaire et psychologue pour le compte de l’Association psychologique du Golfe, conduire est dangereux pour les ovaires. Les femmes qui conduisent donneraient naissance à des enfants qui présentent des problèmes de santé variés.
Cette révélation « médicale et scientifique » a scandalisé de nombreuses femmes qui ont lancé une campagne sur internet pour obtenir le droit de conduire. 11’000 personnes ont déjà signé la pétition appelant le gouvernement saoudien à lever cette interdiction. La campagne incite les femmes à publier des photos et des vidéos d’elles au volant pour montrer leur soutien à la cause.
Mobilisations depuis les années 90
Ce n’est pas la première fois que les femmes agissent. Une mobilisation a déjà eu lieu en novembre 1990 durant laquelle 47 femmes ont conduit à travers la capitale, Riyad. En mai 2011, la militante Manal al-Sharif a été arrêtée et est restée en prison pendant une semaine car elle avait diffusé une vidéo sur YouTube dans laquelle on la voit conduire. Cela a suscité une nouvelle mobilisation en juin appelée Women2Drive.
Aucune loi n’interdit la conduite pour les femmes
Il s’agirait plutôt d’une tradition maintenue par le clergé conservateur du pays. Il faut dire que l’Arabie Saoudite est une monarchie absolue dirigée par un roi héréditaire. Un conseil, appelé la Choura, est une sorte d’assemblée consultative. Les membres sont choisis par le roi et ne peuvent que faire des recommandations.
Selon le journal Les Echos, une femme membre de la Commission des Transports du Conseil de la Choura a recommandé, ce mois, que le ministère des Transports autorise les femmes à conduire. Cette commission doit maintenant décider si elle accepte cette recommandation et si elle la présente au ministère des Transports.
L’Arabie Saoudite va-t-elle vers plus de droits ?
L’interdiction de conduire n’est pas la seule discrimination faite aux femmes. Elles doivent également demander l’autorisation d’un homme pour pouvoir se marier, entreprendre un voyage, subir certaines interventions chirurgicales, travailler de façon rémunérée ou suivre un enseignement supérieur. Le 21 octobre 2013, Amnesty International a publié un communiqué de presse qui dénombre les autres violations des droits humains faites aux femmes mais aussi aux minorités et sur l’utilisation fréquente de la torture.
Si le sujet vous intéresse, le film « Wadjda » réalisé par la saoudienne Haifaa al-Mansour est à voir. Il raconte l’histoire d’une fille de 12 ans qui souhaite s’acheter et faire du vélo avec son ami Abdallah. Malheureusement pour elle, les bicyclettes sont interdites à la gente féminine car elle est une menace pour leur vertu.
L’article a été publié sur le site de Fréquence Banane le 25 octobre 2013.